Qui ne s'est pas posé la question : "D'où est-ce que je viens?" (Pour les retardataires, c'est le moment d'y penser! ^^)
Souvent, très souvent, très très souvent, pour ne pas dire tout le temps, on donne le nom de sa ville pour signaler ses origines. Enfin presque, les plus excentriques d'entre nous vous répondrons : "De l'utérus de ma mère!". Mais faisons fi de ces marginaux et allons un peu plus loin dans nos questions.
Maintenant que nous savons d'où nous venons, savez-vous d'où viens le nom de là d'où vous venez ? Simplement, je veux dire, connaissez-vous l'origine du nom de votre ville ? Non ? Et bien, je suis là pour ça! ^^
Bon, je vais essayer de toucher une majorité de gens, alors j'ai décidé de prendre les 10 plus grandes communes françaises (donc sans les agglomérations) en nombre d'habitants. Mais je peux faire d'autres articles sur d'autres villes, vous n'aurez qu'à me le demander! ;)
Bien, vu que les parisiens sont les plus nombreux, je finirai par eux! Vive le suspense! \o/\o/
Et nous voilà donc dans la 10ième plus grande COMMUNE de France : j'ai nommé Lille! Et bien, sachez, amis lillois, que vos ancêtres ont vraiment manqués d'imagination... Quand on dit "Lille", on entend "L’île". C'est normal, ça vient de là... Alors remontons à sa fondation pour voir comment certains se sont un peu fait avoir. On ne sait pas trop quand, mais vers l'époque romaine un hameau est fondé sur une île sur la Deûle, et en 1066, Baudoin V la nomme Isla. Puis en 1104, elle est appelée Insula, en 1177, Castro Insulano, et en 1259 : Lysle. Le vieux français l'écrira alors l'Isle, qui deviendra Lille avec le temps. Et voilà, une petite ville sur une petite île : Lille...
Allons de l'autre côté de la France, où il s'est joué une véritable tragédie toponymique : Bordeaux! Neuvième ville française, le premier nom que l'histoire aura retenu est Burdigala. C'est du celte formé par "Burd", boueux, et "Gala", la crique. La traduction littérale la plus juste serait "Abri dans les marais". Jusque là, tout va à peu près bien. Bordeaux est effectivement un ancien marais (d'ailleurs c'est à cause de son sol d'éponge noyée qu'on ne peut pas y faire de métro!) et la nostalgie d'un petit port de pêche à l'intérieur des terres fait vivre la tradition. Mais au moyen-âge, la langue en prend un coup. La Burdegale du début de la période devient, grâce à la langue d'oc, Bordelh. Sauvé en 1147 en Burdellum, le nom ne se doute pas qu'il aura une racine commune avec un "gros mot" des siècles plus tard lorsque les gascons nommerons la ville "Bordel" ("Petite cabane"). Souvent appelée Bordeu en campagne, la ville gardera le nom de Bordel longtemps. Puis, à la francisation du noms, on préférera prendre le pluriel : un bordel, des Bordeaux.
Changeons de mer! Parmi les grande ville les plus jeunes, nous voici dans Montpellier (Ne prononcez pas le "t"!!!). Plus jeune ? Oui, car elle a été fondée en 985 par Guilhem 1er, chevalier méritant, en recevant ces terres du comte et de la comtesse de Mauguio, lot fourni avec les pecquenots vivant déjà dessus. Guilhem, dans un élan d'imagination donne à sa ville le nom du mont sur laquelle elle est construite : le Mont Pellier. En latin on trouve Montepestelario mais les occitan l'appelle Montpelhièr. Et c'est tout!!! Cette ville n'a pas changé de nom depuis le début! Suite à quelques efforts, les occitans l'appelle aussi Lo Clapàs, mais ça ne veut que dire "le tas de cailloux". Des cailloux formant le Montpellier.
Partons maintenant pour le nord où l'histoire politique de la région a tué un poème : Strasbourg. Les celtes étaient un peuple inspiré qui n'hésitait pas à donner des noms poétiques aux endroit où ils vivaient. C'est ainsi que le nom de Argentorati, ou Argentoratum en latin, fut donné à la petite bourgade, littéralement à "l'enceinte sur l'Argenta (la rivière d'argent)" de -rate, la fortification. Mais lorsque les germains conquirent le coin, Argentoratum ne fut plus la cité de la rivière, mais le seul passage au dessus du Rhin. Au moyen-âge, on résuma cela en "le château sur la route" ou Straße-Burg soit Strasbourg. La rivière d'argent devenu route pavée, l'enceinte remplacée par un château, on arrête pas le progrès dans cette ville où la géographie politique tue la poésie.
Laissons nos larmes de côté et rejoignons l'Atlantique : Nantes! Sixième commune française qui doit son nom à la conquête romaine de la gaule, et au laxisme imaginatifs des administratifs de l'époque. Mais remontons le temps afin d'en savoir plus sur les origines. Cette petite bourgade se trouve sur un confluent, en gaulois on dit "condate". Et tout naturellement on nomma le bourg Condevincum. Enfin ça, c'est la version latine, vous trouverez une dizaine de variante pour ce nom, mais tous font référence au confluent de la Loire et de l'Erdre. Mais soit, la ville a un nom. Et là, au VIième siècle, les romains arrivent. Et ils se creusent pas le cerveau, il faut renommer les villes pour asseoir sa supériorité, sans pour autant en oublier les peuples qui y habitent... Tragiquement, les namnètes voient leur ville renommée Namnetum, "la ville des namnètes". Au milieu du Moyen-âge on trouve Nametis. La ville prendra son nom actuel à la Renaissance. Nantes, ou "la ville des gens qui y habitent".
Retraversons la France (on finit par faire une étoile!! :D ) et allons nous dorer la pilule à Nice. Et cette fois, la victoire fut la plus forte! Et oui, Nice, au début, s'appelait Nicaea Oppidum, soit l'enceinte/la forteresse qui donne la victoire. Et puis le temps passe : Nikaia au IIième siècle, Nicia au IVième, Fratribus Niciensi en 1119, puis Niza au XIIième et enfin Nisse au XIVième siècle. Le français fait le reste de la transformation. Ainsi, hormis l'évolution de la langue au cours du temps, Nice est toujours restée Nice. La victoire de la victoire! ^^
Gardons la latitude et prenons plein Ouest : Toulouse! La ville rose est bien mystérieuse actuellement. Elle n’apparaît pas avant le IIième siècle et son nom est Tolosa. L'origine de ce mot est inconnue... Peut-être vient-il de "Tolso" qui signifie « torsadée, tordue », ou bien de la Tholos des grecs d'où certaines légendes de l'Or de Delphes, certains vont même associer le nom de Tolosa au gué du centre de la ville que l'on appelle le Bazacle qui se dit "vadaculum" en latin. Bref, quoi qu'il en soit, avec l'arrivée du français (le vieux) on l'appelle Tholose qui se transformera en Toulouse sous l'influence de la prononciation occitane à la fin du XVIIième siècle. Toulouse, on sait pas pourquoi mais on passe par là.
Rejoignons maintenant la troisième plus grande commune de France : Lyon. La Capitale des Gaules, la ville qui dirigea le Pays pendant tant de siècles avant Paris. Bref, tout le monde connaît son premier nom : Lugdunum. Et là, deux choix s'offrent à nous : soit cela veut dire "le fort/la colline de Lug", soit on peut le lire comme "la colline de l'eau noire". Mais ce n'est pas ça qui est le plus troublant. Au fil du temps le mot va "glisser" progressivement vers Lyon, un peu comme pour Nice, sauf que là les scribes avaient affaire à des bourrés lorsqu'ils demandaient le nom de la ville. Le premier a oublié le "n", on se retrouve avec Lugduum. Le second, dans un soucis d'originalité joue avec les maths et dit u+g=y : Lyduum. Un troisième bonhomme n'arrivera pas à prononcer le "d" qui disparaîtra, Lyuum. Et le dernier, buvant une vinasse du XIIIième siècle, s'étouffa à la fin de son mot et "uum" devint "on". Et voilà Lyon, la colline des bourrés.
Après ces mésaventure de bar, prenons la barque et descendons le Rhône. On s'arrête à Marseille! Massalia fut fondée par des grecs vers 600 avant JC. Le nom d'origine grec est formé de "Massa" le sacrifice et "Leis" le suffixe qui rend le mot adjectif, ainsi donc, Massalia est la ville des sacrifices. Glauque hein? Les romains étant très rapidement implanté dans la région, personne ne renomme la ville, Massalia devient Massilia. Puis, avec l'arrivée des provençaux, on finit par parler du fond de la gorge, Massilia devient Marselha. Vu que le "a" finale ne se prononce qu'à moitié, lors de la francisation, on y met un "e", et puis en provençal "lh" donne un "l" mouillé, qui se traduit en "ill" en français. Et voilà : Marseille, la ville où on fait des sacrifices en se raclant le palais.
Et c'est finis pour aujourd'hui!! ^^
...
Allez je rigole, y'a un paquet de parisien qui veulent savoir de toute leur âme pourquoi le nom de leur capital n'a que cinq lettres! Alors remontons au début, à la fondation de ce qui sera la plus grande ville de France actuellement. Paris connut une époque tourmentée, et elle fut même plusieurs fois complètement abandonnée à son sort, restant de taille modeste et sans ambition. Mais passons, l'origine viens des parisii (un parisius, des parisii), un peuple gaulois sans prétention qui s'établit sur une des îles du fleuve (ne cherchez pas, ce n'est vraisemblablement pas celle de la cité). Lors de l'invasion romaine, elle est renommée Lutetia (Lutèce), "la ville du marais/de la boue". Vers 300, la ville prends le nom de "la ville des Parisii". Lorsque les romains sont chassés par les francs ce nom est bien établit et Paris restera gravé jusqu'à nos jours. C'est un des noms de ville les plus anciens parmi les plus stable encore d'actualité en Europe. À Paris, on tiens beaucoup au peu que l'on a...
Et voilà, cette fois mon cerveau a explosé. Et mes yeux sont asséchés devant aussi peu d'imagination et autant de tragédie. Je peux pas vous faire de post-it tellement j'ai dû mettre d'infos, mais retenez au moins l'histoire de votre ville! ^^
Bonne lecture! ;)
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Lyokoi, archéologue des origines tragiques et poète à ses heures
Commentaires
super article fils. Ca c'est inutile mais géniale
Diantre, maintenant je vais pouvoir me la pété quand j'irai à stras',
Merci! ^^
Au début, j'essayais de trouver des sujets originaux, mais en fait, le plus dur c'est de choisir entre les sujets... XD
Excellent article !