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Aujourd'hui, article invité ! Oui, comme je suis légèrement à court d'inspiration ces temps-ci et que visiblement c'est la même chose pour le reste du staff de je-suis-intelligent, je capture la famille de mes proches pour les forcer à faire des articles à ma place.

Cette fois-ci, c'est donc Mayliu qui nous a écrit un article, enjoy !

Ami internaute, j'ai toujours été une brêle en histoire, alors je me rattrape aujourd'hui en te racontant une anecdote foutrement laulesque – enfin... certainement moins drôle pour les gens qui vivaient à cette époque... – de l'Histoire Allemande.

Non, l'hyperinflation n'est pas l'une des séquelles d'un précédent article de John, mais un événement historique tragique pour l'Allemagne, et parti-culièrement impressionnant. Situons le contexte : au début des années 20, la Première Guerre Mondiale vient de se terminer, l'Allemagne a perdu la guerre et le traité de Versailles lui demande de payer les réparations et reconstructions des pays qu'elle a envahis. Et comme la France est une petite coquine, la somme qu'elle demande à l'Allemagne est de 132 milliards de marks-or, alors que la fortune du pays s'élève à ce moment à... trois milliards.

A ce moment, l'Allemagne, déjà épuisée par la guerre, connaît une « petite » inflation qui est suffisamment inquiétante pour que le chancelier demande un report des échéances des réparations, en attendant que la situation se stabilise ; le but de cette requête était surtout que, face à cette demande officielle, les Alliés ne puissent pas refuser, afin de ne pas se mettre à dos, disons... le reste du monde.

Mais pas de chance, il s'avéra que les Alliés n'avaient strictement rien à faire de leur réputation, puisque le report des échéances fut immédiatement refusé. Pire encore : sur la base d'un retard dans les livraisons de charbon prévues, la France envahit la Ruhr, région industrielle, y prend le pouvoir et l'isole du reste de l'Allemagne. Le gouvernement allemand adopte alors une autre technique. Tandis que la résistance se prépare pour bouter les occupants hors de la Ruhr – mais laissons ça pour un autre article – il commence une production massive de monnaie pour rembourser rapidement ses emprunts. Mais cette « solution-minute » est bien évidemment un échec gigantesque, pour la simple raison qu'il n'y a pas de secret : quand on sur-produit une monnaie, sa valeur s'effondre.

Et ça y est, on y arrive, à la partie drôle de cet article : les chiffres.

Alors qu'un dollar américain valait exactement 75 marks en janvier 1921, deux ans plus tard, en cette année 1923 qui nous intéresse ici, sa valeur est d'un peu plus de 7000 marks. Oui oui, lecteur, tu as bien lu, sept milles. Et crois-moi lecteur, tu n'as encore rien vu.

Parce qu'en septembre 1923, seulement neuf mois plus tard, le dollar vaut 160 millions de marks. Et la situation est loin d'avoir atteint son point le plus critique. A partir de cette période, la monnaie s'effondre de 613 000 marks par seconde. Les prix doublent toutes les 49 heures, et ne sont même pas les mêmes, nous dit Wikipédia, entre le moment où l'on entre dans un restaurant et celui où l'on demande l'addition. Les familles se chauffent en faisant flamber des billets de banque, parce que le bois est alors plus onéreux...

Novembre 1923. Le dollar vaut alors 7 200 000 000 de marks. Oui, sept milliard deux cent millions. (je pense à toi, ami internaute, qui peut avoir du mal à lire les chiffres quand il y a plus de cinq zéros, puisque ton enseignant d'histoire-géographie te l'a bien appris, un million, c'est un M majuscule avec un petit trait dessus.) La masse monétaire, c'est-à-dire l'ensemble des valeurs en circulation, est de 500 quintillions de marks. Je pense à nouveau à toi, ami internaute, qui n'a jamais vu le mot « quintillion » auparavant, alors voyons ensemble le nombre de zéros :

500 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000.

A titre de comparaison, c'est 9,7 x 10²⁰ fois plus que l'actuelle masse monétaire de la zone euro. Et cette fois, j'arrête de penser à toi, ami internaute, parce que si j'écris encore plus de zéros, je vais sans doute m'arracher les cheveux et les yeux, et je ne pourrai pas finir cet article, parce que je serai trop occupée à manger mes doigts.

L'Allemagne a réussi à se sortir de ce pétrin en instaurant une nouvelle monnaie, le Rentenmark, donc chaque unité vaut mille milliards d'anciens marks, alors démonétisés. Et maintenant, la principale question que je me pose, c'est comment cette montagne de billets a été finalement écoulée.